Ce que j'aimais chez elle c'était quand elle se plaignait qu'elle se trouvait grosse. Les femmes... Toute une histoire! Elle avait toujours l'impression d'être "énorme" et pourtant ça ne l'empêchait jamais de manger sa tablette Milka en un temps record. Une vraie goulue. Ça en était presque fascinant ce potentiel de contradiction entre son corps et son esprit.
Cette nana j'avoue qu'elle me faisait bien souvent perdre haleine et la suivre relevait d'un marathon et d'un sacré défis personnel. Par exemple quand elle stressait elle était intenable. Je vous assure, il était difficile pour moi de rentrer dans une conversation censée. Dans ces cas là elle se calmait en se lançant dans les tâches ménagères. Si si! Dans ces moments là, si vous teniez à votre vie et que vous étiez un minimum censée et réfléchie mieux valait ne pas tenter le diable et la confrontation. En d'autres termes: raser les murs et attendre que la marée passe. A l'image d'un ouragan ça lui prenait d'un coup, sans prévenir . Elle pouvait vous briquer une pièce à la vitesse de la lumière. Quand,au contraire, elle était calme et paisible, elle pouvait vivre dans un bordel quasi organisé. Tout un art... ça relevait presque du conceptuel avant-gardiste. Un vrai champ de mine artistique.
Elle était l'aiguille dans sa propre botte de foin.
Ce que j'aimais chez elle c'était sa capacité à ne jamais vouloir se montrer vulnérable devant les autres. Oh oui on peut dire qu'elle en avait du caractère cette nana. En privé sa garde baissait et laissait apparaître une femme fragile et pleine de doutes, pouvant bien souvent passer du rire aux larmes.
Je me sentais tellement privilégiée dans ces moments là, de pouvoir toucher de mes doigts la délicatesse de ses craintes et de ses peurs. C'était comme découvrir un trésor, ce trésor dont vous avez l'impression d'être la seule gardienne.
Tous ces trésors je les chéri(e)s dans ma petite boîte à souvenirs. Cette boîte crânienne qui ne cesse de se cogner aux contours de la vie. Alors je ne l'ouvre que la nuit, au milieu du calme paisible,endormis et quasi religieux et je les retire ces souvenirs, un par un pour les revivre l'espace de quelques minutes. Contempler le noir de mes yeux réveillés. Ma façon de transformer son ombre, l'espace d'une nuit, en réalité bénite.
Tic tac la mécanique...
Calamity J.
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