dimanche 15 septembre 2013

To gouine or not to gouine.

Homosexualité et théâtre: de l'ombre à ma lumière. 
La vie est un flux perpétuel de mouvements et de contradictions. Pourquoi faut-il la définir comme normale ? Au final, qui définit la norme ? La société marginalise la différence et tout ce qui dévie de la société traditionnelle. La normalité se plie aux contraintes légitimes qu'on lui impose. L'homosexualité , elle, est incapable de s'adapter puisqu'elle est différente et va à l'encontre du sens normatif sociétale. Pourquoi vouloir tant aborder la question du lesbianisme dans mes études théâtrales? Le théâtre devient à mes yeux l'unique espace de liberté et de représentation de nos douleurs mentales et pathologiques. Le monde du théâtre autorise un lâcher-prise quand la société, elle, nous oblige à nous conformer.
Aborder la représentation de l'homosexualité au théâtre me sert avant tout à mettre en questionnement la morale humaniste. Elle est lue et entendue comme une dissidence contre la règle, une mise en cause du sens normatif. Par normatif, nous nous conformons à la société et à ce qu'elle place comme fous/folles, à savoir toute identité rentrant dans une marginalité telle que la race, la sexualité, l'origine sociale : « Que les nègres se nègrent. Qu'ils s'obstinent jusqu'à la folie dans ce qu'on les condamne à être... » (Les Nègres, J.Genet).
Le théâtre permet de rendre visible ce que notre monde tente de rendre invisible, à savoir l'absurdité de la condition et des valeurs humaines. Développer son identité lesbienne au théâtre n'est pas une volonté de surexposition. Cela relève avant tout la conscience des contradictions entre les Hommes et le monde qui les entoure, mais également entre les Hommes et leur propre conscience.
Le théâtre de la conscience nous amène donc à penser le monde et ce qu'il reste d'humanité au genre humain.
Le théâtre me caresse du bout des doigts et offre à travers ses mots un moyen de mettre sous lumière des angoisses et des peurs enfouis au fond de beaucoup d'entre nous. Sortir du placard, faire son entrée en scène: mêmes envies, même combat? J'y réfléchis, j'y réfléchis...


Calamity J.

vendredi 30 août 2013

La fac, le mémoire, tout ça tout ça faut s'y remettre.

 Très peu de pièces de théâtre abordent la thématique de l'homosexualité féminine en France.
Évidemment par terme lesbien j’entends un théâtre écrit par des femmes qui aiment les femmes et qui aborderait une sexualité purement féminine.
L'homosexualité masculine est généralement plus souvent traitée sur scène. J'ai assisté à énormément de pièces de théâtres ces 10 dernières années et à mon grand désespoir je n'ai jamais vu de spectacles parlant explicitement de l'homosexualité féminine (à croire que pour beaucoup cela relève du mythe et de l'inexistence !) contrairement à l'homosexualité masculine que j'ai déjà vu dans plusieurs spectacles (la plus marquante et évidente avait été pour moi Angels in America de Tony Kushner en 2008). Bien évidemment je parle ici de pièces dans le contexte français et n'irais pas affirmer ma pensée au delà des frontières nationales.
Pourquoi l'orientation sexuelle de la femme semble-t-elle si difficilement représentable ? Très certainement parce que le théâtre est un art reflétant notre société qui, encore aujourd'hui, continue à se développer comme majoritairement masculine. Il est donc plus facile d'aborder l'homosexualité masculine sur scène car on continue de cette manière, à laisser l'homme disposer de son corps en toute liberté.
Contrairement à l'homosexualité féminine, être gay pour un homme ne va pas à l'encontre du pouvoir des hommes. Les femmes ont une position beaucoup moins visible et solide que peuvent avoir les hommes dans l'univers du spectacle vivant car le théâtre reflète la société et donc le politique. Une femme est bien plus souvent liée au romanesque, style d'écriture de l'ordre du privé et de l'intime. En étant privé, ce style reste donc lié au mari et donc à la reproduction bien loin d'une mise en scène publique. L'homme dispose donc de son corps sans contester l'ordre patriarcal car qu'un homme soit gay ou non il continuera à rester un homme et donc à faire parti d'une élite identitaire, que certains osent appeler « sexe fort ».
Cependant beaucoup place l'homosexualité masculine comme étant beaucoup plus difficile à accepter que l'homosexualité féminine mais ces deux homosexualités sont-elles à prendre sur un pied d'égalité ?
Quand j'ai commencé à être troublée par ma sexualité et que j'ai commencé à me définir comme étant attirée par les femmes et donc potentiellement homosexuelle, j'ai pu constater des réactions aussi variées qu'hallucinantes : « c'est un phénomène de mode d'être lesbienne de toute façon, ça te passera », « C'est parce que tu n'es pas tombée sur le bon », « Ça me dérange pas que tu sois lesbienne, si ça te dis on peut même se faire un plan à trois », « Si tu te dis lesbienne c'est que tu as forcément eu des problèmes dans le passé avec ton père », « Ça te dis pas avec ta copine de vous embrasser devant moi ? ». Je m'arrêterai là bien que ces réactions pourraient encore continuer sur plusieurs pages.
Une question me taraude : pourquoi beaucoup de gens ne prennent-ils pas au sérieux l'homosexualité féminine ? Au fil des années je me suis bien souvent posée la question. Au début je me disais « tant mieux comme ça au moins on me laissera tranquille. » Et puis finalement au fil des années et des rencontres la réponse a finit par sonner comme une évidence : mais bien sur  si l'homosexualité féminine est beaucoup plus acceptée que l'homosexualité masculine c'est parce qu'il semblerait tout simplement qu'elle n'existe pas !
Les gais ont toujours été (et cela dès l'époque romaine) jugés et punis pour leur acte homosexuel. L'homme devient une cible privilégiée où son orientation sexuelle est considérée comme contre-nature quand celle des femmes est considérée comme de la simple luxure.
Les lesbiennes sont traitées avec indifférences comme si elles n'existaient pas. N'y-a-t-il rien de plus horrible que d'être totalement ignorées ?
Être lesbienne c'est subir non seulement l'oppression d'être une femme mais en plus celle d'être homosexuelle. Aucune loi ne punissait l'homosexualité féminine en France car cela n'était tout simplement pas considéré comme utile et nécessaire. Le plaisir de la femme est souvent vu comme un plaisir insignifiant et non dangereux car la femme ne possède aucun pouvoir dans la société et leur petit « passe-temps » ne brise en rien l'organisation sociale. Il y a une certaine négation des amours féminins qui contraint malheureusement la femme à sombrer dans le silence et à devenir alors invisible. Beaucoup moins violente que l'homophobie masculine, la lesbophobie se cache sous une sorte d'hostilité presque ordinaire où malheureusement elle reste encore aujourd'hui socialement correct.
Silence, invisibilité, inexistence, négation : autant de termes qui placent la lesbienne comme un mythe peu recevable. Il est temps de casser les idées reçues et de mettre à la lumière du jour l'existence réelle et bien présente d'une sexualité purement féminine.

L'image de la lesbienne au sein de notre société a toujours été marginalisée tout comme elle l'est également au sein de la scène, du théâtre.L'homosexualité féminine devient alors une marge dans la marge.
 Le présupposé que le théâtre résiste aux femmes, bien plus que le roman moderne et la poésie lyrique, parce qu'il est lié, comme acte de représentation, à la sphère publique. Destiné à être donné en public, il serait, par la même, plus politique que le reste de la littérature. La politique étant une affaire d'hommes, le théâtre, comme art à la fois littéraire et spectaculaire, serait alors fondamentalement un art masculin. 1

Muriel Plana nous livre dans cette citation la difficulté que peuvent avoir les femmes à trouver leur place dans un univers où le théâtre est considéré comme un lieu masculin et politique. Depuis des siècles et, nous pouvons bien le constater dans le théâtre grec, la scène est le lieu de tous les débats et de toutes les critiques dénonçant les valeurs de la cité et des hommes politiques. Ce n'est qu'à partir des années 1970, après la libération des mœurs et l'émancipation féminine qu'a apporté la révolte de mai 1968, que les femmes commencent à s'imposer en contribuant progressivement à poser leur pierre sur l’édifice de la scène dramatique. Même si bien trop souvent elles continuent à être lier à l'image de " bonne " ou de " prostituée ", ne servant qu'à développer l'érotisme pour le mâle dominant. A l'intérieur même du spectacle vivant, la lesbienne reste toujours liée de prêt ou de loin à la domination masculine. Une femme aimant une femme développe pour beaucoup d'hommes un réel fantasme et la représentation de l'homosexualité féminine a bien souvent été utilisée pour assouvir les désirs d'un homme car après tout à quoi d'autre cela aurait-il pu servir ? On se le demande.
La romancière française Colette, connue pour ses penchants homosexuelles disait : « C'est in d'être lesbienne, c'est mode, c'est snob. » Il semblerait que ce genre d'idées se soient répandu jusqu'à notre siècle où malheureusement bien plus qu'une simple orientation sexuelle, le lesbianisme est considéré comme un phénomène de mode. Ce genre de pensée ne peut que décrédibiliser les lesbiennes et leur sexualité. Pour Colette être lesbienne permettait à la femme de se libérer sexuellement puisqu'elles s'écartaient des modèles « communs » de la sexualité. Mais tachons de ne pas confondre un mode de vie avec une mode ! Tout de même...

En comparant toutes sortes de spectacle en France, on peut largement se rendre compte que le théâtre est le miroir des disparités de notre société actuelle.
En effet nous vivons dans une société patriarcale où la norme n'est autre que l'hétérosexualité et où le pouvoir réside dans le masculin. Dans le cercle privé, bien que ça soit la femme qui gère et organise le foyer, elle n'en est pas moins asservie et dominée, exerçant des fonctions comme leur étant naturellement destinées. Par pouvoir j'entends ce rapport de dominant/dominée établi entre l'homme et la femme, entre le masculin et le féminin poussant la femme à un unique destin : celui de l'ordre biologique. Parce qu'elles sont minoritaires dans la plupart des domaines incluant des responsabilités et des pouvoirs réels, les femmes deviennent majoritairement dominées.
Comment une lesbienne, dont sa condition de femme est déjà vue comme dominée, peut-elle trouver une place dans cette société dite hétérosexuelle ? A qui peut-elle s'identifier pour se construire ?
En effet on ne peut pas dire que l'homosexualité féminine puisse se développer à travers des modèles puisqu'il existe très peu de rôle féminin auquel une lesbienne puisse réellement s'identifier au théâtre.
Les lesbiennes construisent un mode de vie qui va contre celle de l'ordre patriarcal ce qui malheureusement provoque, y compris de la part des femmes hétéros, de l'hostilité, de la discrimination et donc de la lesbophobie.
Bien trop de femmes encore aujourd'hui sont réduites à de simples corps, victimes de propos homophobes violents, d'attaques psychologiques et également physiques poussant parfois jusqu'au viol ou encore au suicide. En allant contre l'ordre patriarcal, les lesbiennes développent au fil des années une culture individuelle communautaire permettant de développer et d'affirmer leur identité au sein d'un groupe socialement identique et donc de se sentir plus fortes et solidaires face à cette société qui tend bien souvent à les isoler. Cependant ce regroupement peut également se retrouver critiquer car en créant une communauté lesbienne, beaucoup affirment se créer un fossé encore plus grand entre les hétérosexuel(le)s et les homosexuel(le)s, enfermant alors leur sexualité dans leur propre ghetto.

Parce que les femmes et les lesbiennes ont beaucoup de mal à imposer des modèles dans la vie sociale et politique, l'art devient une nouvelle méthode d'expression et de revendication.
En créant un théâtre lesbien se crée avant tout un théâtre de femmes. A travers le théâtre de femmes se développent une nécessité et un travail de recherche théâtrale basé sur l'exploration d'un imaginaire féminin et la construction d'une culture féminine. Dans cet imaginaire féminin, il y aurait une volonté de diffuser et de mettre en avant la culture des femmes et dans ma recherche particulièrement, la culture lesbienne. L'homosexualité féminine est un phénomène dont on ne parle pas, et qu'on ne représente pas au théâtre : les lesbiennes sont donc complètement exclues de l'imaginaire dramatique.
Ce théâtre, par son écriture, devient un théâtre du langage et du corps puisqu'il donne la parole à celles qui ont toujours été mises à l'écart.

1MURIEL PLANA, Théâtre et féminin : identité, sexualité, politique, Dijon, Etudes Universitaire de Dijon, 2012, p.18

COPYRIGHT Calamity J.

lundi 17 juin 2013

Problématiques. Il serait temps de te poser les bonnes questions ma petite.


 Qui veut jouer au mur des lamentations?

Que faire sans somnifère quand la nuit nous tiens jusqu'à manquer d'air?

La nuit, il parait que c'est permis.

J'ai éteins la lumière pour y voir plus claire. Dans le noir il parait que les ombres deviennent des formes et les souvenirs des images. Ma pensée oscille et provoque dans mon cerveau une violente torture narrative. Au fond je me souviens de certains détails. Enfin je crois... Par exemple elle fumait toujours sa cigarette les jambes croisées. C'est marrant quand on y pense vous ne trouvez pas? Elle fumait sa clope d'une main pendant que l'autre venait se poser délicatement sur sa cuisse. Ce geste pourtant si anodin la rendait terriblement sexy. Elle avait toujours cette féminité délicate qui ressortait même quand sa vie était en pagaille. Ses cheveux au réveil ressemblaient à un champ de bataille. Elle se plaignait toujours de ça. Moi ça me faisait surtout rire car il n'y avait pas meilleure perspective de beauté qu'à son réveil, quand sa vulnérabilité venait vous frapper au cœur. Ce qu'elle ne savait pas, ce dont elle ignorait c'est qu'elle était terriblement belle avec sa chevelure en pagaille qui venait s'échouer dans le creux de ses épaules sucrées.
Ce que j'aimais chez elle c'était quand elle se plaignait qu'elle se trouvait grosse. Les femmes... Toute une histoire! Elle avait toujours l'impression d'être "énorme" et pourtant ça ne l'empêchait jamais de manger sa tablette Milka en un temps record. Une vraie goulue. Ça en était presque fascinant ce potentiel de contradiction entre son corps et son esprit.
Cette nana j'avoue qu'elle me faisait bien souvent perdre haleine et la suivre relevait d'un marathon et d'un sacré défis personnel. Par exemple quand elle stressait elle était intenable. Je vous assure, il était difficile pour moi de rentrer dans une conversation censée. Dans ces cas là elle se calmait en se lançant dans les tâches ménagères. Si si! Dans ces moments là, si vous teniez à votre vie et que vous étiez un minimum censée et réfléchie mieux valait ne pas tenter le diable et la confrontation. En d'autres termes: raser les murs et attendre que la marée passe. A l'image d'un ouragan ça lui prenait d'un coup, sans prévenir . Elle pouvait vous briquer une pièce à la vitesse de la lumière. Quand,au contraire, elle était calme et paisible, elle pouvait vivre dans un bordel quasi organisé. Tout un art... ça relevait presque du conceptuel avant-gardiste. Un vrai champ de mine artistique. 

Elle était l'aiguille dans sa propre botte de foin.
Ce que j'aimais chez elle c'était sa capacité à ne jamais vouloir se montrer vulnérable devant les autres. Oh oui on peut dire qu'elle en avait du caractère cette nana. En privé sa garde baissait et laissait apparaître une femme fragile et pleine de doutes, pouvant bien souvent passer du rire aux larmes.
Je me sentais tellement privilégiée dans ces moments là, de pouvoir toucher de mes doigts la délicatesse de ses craintes et de ses peurs. C'était comme découvrir un trésor, ce trésor dont vous avez l'impression d'être la seule gardienne.
Tous ces trésors je les chéri(e)s dans ma petite boîte à souvenirs. Cette boîte crânienne qui ne cesse de se cogner aux contours de la vie. Alors je ne l'ouvre que la nuit, au milieu du calme paisible,endormis et quasi religieux et je les retire ces souvenirs, un par un pour les revivre l'espace de quelques minutes. Contempler le noir de mes yeux réveillés. Ma façon de transformer son ombre, l'espace d'une nuit, en réalité bénite.
Tic tac la mécanique...



Calamity J.

Calamity cherche point de gravity.

Je bois du superflue
Je vomis du superflou
Je m'encrasse  sans aucune grâce 
D'autres se lassent sans aucune classe.
Cavité crânienne
Bousillée, inhumaine
Cherche le raisonnement
Du pourquoi du comment.
Vide et creux
Divisé sans être deux
Donnez-lui des Légos
A mon putain d'égo.
Construisez-lui un mur
De la dignité et de l'allure.
Emmurez mon cœur d'un tas de briques
Pourvu qu'il n'atteigne pas la dynamite.
Je me disperse et assemble
Ma folie entre ces murs qui tremblent.
Fragile je demande asile
Pourvu que mon cœur parte en exil
Tuez-moi je suis fou
Je vomis du superflou
Tu es moi je suis vous.
Serrez-moi la corde au cou. 


Calamity J.

jeudi 21 mars 2013

Sstockholm de Solenn Denis

Photo: Solenn Denis.



 Jeune auteure française, Solenn Denis fait partie de la nouvelle génération des auteurs dramatiques. En 2011 elle publie sa pièce Sstockholm qui remportera le prix Godot des collégiens et lycéens.
Sstockholm raconte la sombre histoire de Solveig, séquestrée par Franz depuis son plus jeune âge. Coupée du monde et plongée dans une violente solitude Solveig devra grandir au côté de cet homme, ce monstre, seul repère " présent " avec qui elle développera une relation complexe, ambiguë et psychologiquement instable. Entre amours et haine, folie et domination, Solveig se construit puis se reconstruit à travers les souvenirs d'un monde passé, cloisonnée dans cette cellule murale et mentale qui fut pendant des années son unique espace de réalité et de liberté. L'auteure développe à travers ces 12 scènes le courage et la force d'une femme qui malgré toutes ces épreuves et ces années de douleurs, continue à clamer que " ce qui ne te tue pas te rend plus fort ".

Le langage et le dialogue dans le théâtre contemporain prennent toutes sortes de formes particulières. Ici les douleurs psychologiques du personnage de Solveig apparaissent au sein même de la construction dialogique. Solenn Denis nous livre un théâtre psychologique où l'on dénoue le dialogue pour en extraire des maux. La forme de son texte est indissociable du fond et nous livre une parole de la survie où les mots sont l'unique action et besoin de cette pièce.
Solenn Denis nous tient tout au long de Sstockholm en haleine, développant au sein du lecteur des piques émotionnels. Elle nous livre un théâtre de l'intime où toute l'action réside dans la forme du langage et du discours. L'identité des personnages se créent au fur et à mesure que l'on avance dans le texte. Solveig pour s'en sortir, n'a eu d'autre alternative que de se construire une identité par la parole et les monologues. Le langage et le dialogue deviennent alors l'unique moyen de survis au sein de ce « drame ».


Lisez-le ça fait du bien aux yeux!

Calamity J.

Fouillis je t'aime à la Folie.


Ecriture
Mon armure
Ce mur.
Ci-naît
Néfaste
Fastidieuse.
L'odieuse
La mélodieuse.
Temps amer
Merdeux
Tant de merde à deux.
De ma main j'écris
Je crie
On cri.
Crispent mes symptômes
Fantômes
At home.
Oh mon trouble
Mon double
Oublie qui je suis.
Schizophrénie
Amnésie
Mon âme
Ma paralysie.
Ci-gît la vie.

Calamity J.

Craches ta crasse pourvu qu'ça passe!

A trop panser nos mots
On se dé-pense en maux.
Alors vivez, pensez!
Que la feuille au bout de vos doigts
Deviennent votre unique sparadrap.
L'alcool désinfecte 
Mais ne cicatrise pas.

Calamity J.






mercredi 30 janvier 2013

Tryptique de l'au-delà.


[ Ecriture adapté d'un fait réel: l'affaire Roland Moog à Strasbourg.]

16 mai 2012
17 ans que tu m'as tué.
Que tu nous as tué
Mon fils et moi.
Que ton doigt est venu appuyer sur la détente froide.
Me planter par derrière
Au moment où je m'y attendais le moins.
Me prendre par surprise.
Le coup de grâce.
Salaud, connard !


16 mai 1995
16 mai 2012
17 ans que je vous ai tué
Toi et cet enfant que tu portais.
Toi et cet enfant que tu disais être mon fils.
J'ai tiré
A bout portant
Sans réfléchir
Par surprise
Mon doigt sur la détente
Comme on appuie délicatement sur un interrupteur
Pour plonger une salle dans le noir et le silence.
BAM
Silence.
Et puis rien.
Je revois encore l'image
De ta petite cervelle explosée sur le bitume froid.
J'entends encore tes mots
Se poser sur ta voix.
Retentir
Dans un écho
Un coup de feu. 


Je te quitte.
Je n'avance plus avec toi.
On se détruit
Et on se bouffe.
Cette relation n'est pas saine
Tu le sais.
Ton frère est différent de toi.
Et je veux faire ma vie avec lui.
Je veux élever cet enfant avec l'homme que j'aime.
Tu n'as jamais été là pour moi.
Il a su être là sans toi.
Je n'en peux plus de vivre dans ton ombre.
Je pars.
Je suis désolée.
Espèce de putain.
Me faire ça à moi.
Partir avec lui
Mon frère, mon sang.
Non tu n'allais pas partir
Tu n'aurais pas le dernier mot.
Pas cette fois.
Tu ne seras celle de personne d'autre
Si tu n'es pas mienne.
Alors j'ai tué
Froidement
Lâchement.
J'ai emmuré ton corps
Je me suis muré dans le silence.
Disparition
Ta disparition
Après ton coup de fil au cinéma
L'alibi était en béton
Comme ces murs où tu es
Où vous êtes restés pendant presque 2 ans.


Par ta faute je ne peux plus manger d'huîtres.
Des huîtres
Un verre de vin.
Une cigarette.
Je serais prête à me tuer pour une cigarette.
Merde c'est con ce que je dis.
Me faire ça à moi
Toi qui ne voulait pas de gosses.
Putain qu'est-ce qu'on se fait chier ici.
Alors c'est ça la vie après la mort ?
On est là et il ne se passe jamais rien.
Éternellement.
Un steak-frites
Je donnerais n'importe quoi pour dévorer un steak.
C'est pas sympa ce que tu as fait.


Te déplacer
J'ai du te déplacer
Pour éviter les soupçons.
Te jeter dans une malle
Comme on jette des souvenirs
Des souvenirs qu'on ne veut plus subir
Qu'on aimerait oublier.
Des secrets trop lourds à porter.
Le temps passait et tu n'existais plus.
J'ai pardonné à mon frère
D'avoir aimé cette putain.
Oui toi la putain d'avoir choisi le mauvais frère.
Pardonner
On pardonne toujours tout à celui
Qui pendant 9 mois à été votre moitié.
Mon sang.
9 mois.
275 jours.
6600 heures
396 000 minutes.
9 mois où j'ai été formé avec lui.
9 mois, le temps d'une grossesse.
9 mois ta putain de grossesse.


Papa m'a tué.
Le 16 mai 1995
Oui il m'a tué.
Il m'a coupé le souffle avant même que je respire.
Il m'a tué avant même que je puisse le voir.
C'est dingue, non ?
J’entends encore le bruit strident du coup de feu.
BAM.
Bout portant qu'ils disent.
Maman qui tombe.
Elle ne respire plus.
Je respire de moins en moins.
Puis rien.
Finit la vie avant même qu'elle n'ait commencé.
Fait chier.
J'étais si prêt du but.
Mais comment c'est en bas ?
Vous qui en ce moment-même êtes en train de me lire.
Avoir des souvenirs.
Oui j'aurais tellement voulu avoir des souvenirs.
C'est quoi la vie en-bas ?
C'est comment avant ça ?
Vous avez pitié de moi ?
Vous trouvez ça triste ?
Oh non non non faut pas s'en faire.
Moi vous savez je m'en fous.
Les choses ne peuvent pas nous manquer si on ne les a pas vécues je crois.
Maman dit toujours qu'elle se demandait à quoi ressemblait la vie après la mort.
Moi je dis que j'aurais bien voulu savoir à quoi ressemblait la vie avant ma mort.
Maman pleurait beaucoup au début.
Enfin je crois.
« Connard si j'étais pas déjà morte... » qu'elle disait tout le temps.
Je crois qu'elle en voulait pas mal à papa.
Bon d'un côté ça se comprend hein
Faut pas lui en vouloir à ma mère elle est un peu émotive.
Je crois qu'elle est toujours en colère
En colère contre papa.
Faut vraiment que j'arrête de l'appeler papa.
On appelle pas son meurtrier papa.
Je ne ressens rien.
Je ne sais pas ce qui est bon ou mauvais.
16 mai 2012
Aujourd'hui j'aurais eu 17 ans.
Je ne sais pas ce que c'est que d'avoir 17 ans.
Maman me parle d'années, du temps qui passe
Mais elle voit bien que je ne comprends rien.
Papa m'a tué.
Papa nous a tué.
Non mais vous y croyez vous ?
On ma conçu
J'ai passé 9 mois à me former
On m'a attendu
Et voilà qu'au moment où on devait me pondre
On me stoppe dans ma lancée.
C'est vraiment dégueulasse.
C'est comme si on me claquait la porte au nez
Après m'avoir invité à rentrer.
Quelle impolitesse !
Alors je suis là, à me demander comment c'était.
Maman me raconte parfois sa vie.
Oui elle me raconte comment c'était avant.
Elle me dit qu'elle riait beaucoup.
Elle me parle des saisons
Du soleil qu'elle aimait tant sentir sur sa peau.
Je me dis que ça avait l'air bien.
Sentir le vent souffler sur son visage
La sensation des pieds dans le sable chaud.
Si seulement je pouvais comprendre
Ce que maman me raconte.
Ici je ne l'ai jamais vu sourire.
Jamais non.
Depuis que papa nous a tué
Maman parle très peu.
Depuis que papa nous a tué
Maman ne sourit plus.
Je ne peux pas aimer
Et je ne peux pas haïr
Je ne sais pas ce qui est bon ou mauvais
Ce que c'est que d'avoir des sentiments.
Je n'ai pas eu le temps d'aimer.
Je n'ai pas eu le temps tout court.





J'aurai du te tuer avant
Je savais que j'aurais du le faire.
Appuyer sur la détente pendant ton sommeil.
Quand je pense que j'étais à deux doigts de le faire.
Le flingue posé sur le sommet de ton crâne dégarni.
Ton vieux crâne dégueulasse
Ta gueule qui me dégoûte.
Mais moi ça me gênait.
Pas de te tuer oh non.
Mais c'est qu'un drap plein de sang
C'est difficile à laver
Et encore plus pour une femme enceinte de 9 mois
Qui s'apprête à accoucher.
La vie est mal faite.
Je serais morte
A cause d'une histoire de draps blancs.

Ils ont fouillé dans ma vie privée
Et j'ai baissé ma garde.
Sombre con.
20 mars 1999.
Pourquoi ?
Me dénoncer, moi, son sang
Pour une putain.
Qui fait le bien ?
Qui fait le mal ?
Je devais la tuer
Tuer celle qui se mettait entre nous.
Je ne t'aimais pas.
Oh non en plus de ça je ne t'aimais pas.
Tu me dégoûtais
A me parler de ce bébé.
Et tes chiens
Tes sales chiens que tu aimais plus que ta propre vie.
J'les supportais pas.
Ces aboiements, cette sale odeur.
Fallait toujours que tu les emmènes partout
Ça me foutait des poils dans toute la bagnole.
Sales bêtes
Sales chiens.
Sale chienne.


17 ans que tu m'as tué.
Caprice colérique
Le coup final.
Une brèche osseuse de l'occiput droit.
Tu ne voulais pas d'enfants
Non t'en voulais pas
T'en as jamais voulu.
Tu me noyais de tes belles paroles
Tu faisais ton cinéma sur moi
Un idéal que tu projetais sur nous
Tu m'idéalisais
Comme tes actrices à l'affiche.
Mais tu ne m'aimais pas.
Et je ne t'aimais pas.
Et ça, tu t'en doutais
Tu savais pourquoi j'étais venue ce jour là.
Un autre que toi.
Et cette nuit-là tu n'as pas aimé l'entendre
Tu n'as plus voulu me laisser partir.


J'aimais mon frère
Bien plus que toi
Bien plus que moi.
Une égoïste.
Tu ne pensais qu'à ta gueule.
A manipuler les gens.
Ta cervelle explosée sur ce sol froid
C'est tout ce que tu méritais.
Les gens pensent que j'ai des remords.
Le seul remord que j'ai
C'est de ne pas avoir brûlé tes restes.
Tes foutus restes.
Je te haïs.
Même à six pieds sous terre.


Alors c'est ça l'au-delà ?
On croit au paradis
Et finalement on est là
A compter le temps qui n'existe plus.
Je n'existe plus.
Je ne suis plus rien.
Poussière redevient poussière.
Emmurée dans un silence éternel
Gardant en moi l'enfant qui venait
De celle que tu as osé appeler putain.
Ta putain
Ta pute
Occiput.
Toi qui n'a jamais su aimer
Toi qui n'a jamais su t'aimer.
Une cigarette
Je donnerai n'importe quoi pour une cigarette.
Une cigarette
Faut que j'arrête
Les anges ne fument pas 6 pieds sous terre.
Pourquoi a-t-il ouvert cette malle ?
Putain mais pourquoi ?
Il me pardonnera un jour.
Je le sais, j’attends.
Il me pardonnera
Il lui faut juste du temps
Pour se rendre compte que tu le méritais
Il lui faut juste du temps pour qu'il sache que j'ai fais ça pour lui.
Et après tout redeviendra comme avant.
Il me pardonnera
Il me pardonnera.
Je ne suis pas fou.
Il me pardonnera.
Tu me pardonneras ?
BAM

Calamity J.

mardi 1 janvier 2013

Accroche-toi


Planter la chaire de l'affrontement 
et vider de son sang 
la parole sainte d'un peuple abêti 
qui rend aux bienséances un culte béni.
Le courant des choses, du temps, 
indisponible aux amantes perdues 
qui errent dans les couloirs des ténèbres, isolées du clairvoyant.
Âmes déchues voudraient prendre le dessus.
Mutisme et élitisme,
lutte et pessimisme. 
Isolement et désolation, 
je me met à nue face à toi aliénation, 
le corps enseveli et asservi sur ce sol souillé par les dieux 
où l'on préfère violer que donner l'égalité. 
Nous sommes le purin de Satan, 
les mal baisées, 
les putains de Sappho, 
les mal aimées. 
Désire et désordre. 
Des sires et des ordres. 
Les amantes en colère 
crachent leurs folies amères.

Calamity J.