samedi 13 octobre 2012

La guerre du golf ou chronique de balles perdues.

Réappropriation d'un fait divers par l'écriture. Projet de Serge Oehler d'ouvrir un golf à la pleine des jeux de Hautepierre. Ci-dessous le lien de  l'article DNA suivis de ma proposition d'écriture.

http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2012/02/03/un-golf-dans-le-quartier



C'était la première fois de ma vie que je posais mes pieds sur ce terrain. Tout était inconnu à mes yeux. Je ne gardais en tête que les vagues souvenirs retransmit sur mon vieux poste de télévision.
On a pas l'habitude de voir ce genre de choses par ici: des filets, des trous, des bunkers, des bouts de terre arrachés. Putain j'étais pas à l'aise. 
On m'avait envoyé au trou numéro 1. J'étais jeune et fallait bien commencer quelque part. Et puis  il y avait ce gars, un algérien. Je l'avais déjà vu dans mon quartier. Momo qu'il s'appelle je crois.  Il se mettait à hurler "Feu à volonté!". Il tirait n'importe où. Les balles volaient partout, tel des projectiles qu'on essayait d'éviter, provoquant une débandade parmi les autres groupes. "Alsace terre de putt!" qu'on entendait au loin.
Une balle me frôla la tête et au milieu de tous ces hurlements et ces cris, les premiers trous s'écroulèrent.
"On veut pas de vous ici, laissez notre plaine, dégagez!" qu'ils criant tous tout en continuant à bombarder de balles ceux qui avaient osé violer leur unique espace de liberté.
Ils avaient les yeux remplis de rage et de colère. On aurait dit des hommes qu'on aurait drogué avant de les envoyer à la mort. C'était terrifiant.
Je le voyais ce putain de Sergent Oehler et ses hommes, retranchés avec leurs clubs, prêt à riposter à la moindre attaque. Quelle bande de lâches.
Il y avait des blessés sur le terrain. Malik s'était pris une balle en plein dans l'oeil. Ces salauds savaient se servir de leurs armes bien mieux que nous. Cependant on avait un avantage de poids: on était plus nombreux.
Le petit groupe d'alsaciens dirigé par le Sergent Oehler ne pesa pas lourd dans la tempête. Trop peux nombreux ils durent se replier, emportant tant bien que mal leur dernier espoir de conquête. Au reste, nos pertes étaient légères comparées à celle de l'ennemi.
Quelques temps après cette bataille dont il avait été victime, humilié, le sergent Oehler décida avec sa troupe de se retirer de ce projet et de quitter la plaine des jeux. Hautepierre réalisant que la bataille fut gagnée, fêta pendant des jours et des jours leur espace de liberté.
Aujourd'hui encore, en se baladant du côté de la plaine , on peut encore apercevoir des balles perdues,enfouis sous la terre, mémoire douloureuse mais victorieuse d'un combat d'habitant, pour lequel c'est certain, il aura valu la peine de se battre.

Calamity J.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire